Pyre, Le rituel de la narration textuelle.
- Atreide

- 20 mai 2019
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 déc. 2022

OST à écouter durant l'écoute, et plus si affinité... https://youtu.be/6Xlj_kl--WM

Depuis quelques années maintenant, un petit studio nommé sobrement "Supergiant Games" s'est fait remarquer avec la sortie d'un premier titre nommé Bastion. Un hack and slash en 3D isométrique à la direction artistique colorée accompagnée de compositions musicales de qualités préparées avec soin par Darren Korb et les équipes du dit studio.
Un titre prometteur, bien que pas exempt de défauts. S'ensuivit ensuite Transistor. Un jeu très attendu à l'époque, tant la musique et la direction artistique du trailer donnaient envie.

Dans ce jeu nous incarnons une chanteuse qui perd sa voix (une fois encore, je ne sais pas d’où vient ce syndrome... m'enfin... de là à dire que l'idée à inspiré Gris, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas... Ou peut-être, je n’en sais rien... Mais la coïncidence est assez amusante, vous me l'accorderez.). Suite à cette perte, notre chanteuse trouve une épée plantée dans le cadavre d'un homme. Lorsqu'elle récupère celle-ci, l'épée communique avec la voix de l'homme décédé un peu plus tôt et cette voix va devenir le narrateur principal de cette histoire (oui, au passage, Supergiant Games aime les narrateurs et ne se prive pas pour en mettre (Bastion en possédait déjà un), mais bon, ils le font bien donc nous n'allons pas nous en plaindre... Bref !). Transistor, contrairement à son prédécesseur se tourne plus vers l'action RPG avec un système de tour par tour surprenant au début et qui, au final, laisse entrevoir sa difficulté, mais également son intérêt stratégique qu'il faudra maitriser. Avec ce jeu, SuperGiant se montre encore au travers d'un univers original, créatif tout en étant cohérent, sublimer par une direction artistique plus sombre, mais de superbe facture. Darren Korb est encore là, est accompagné cette fois-ci d'Ashley Barett au chant pour une bande-son toujours aussi cohérente et agréable tout en étant très différente de celle de son prédécesseur, qui était, lui, bien plus marqué par des sonorités orientales.

Et c'est alors qu'arrive, en 2017, le titre Pyre, un opus du studio qui semble bien plus narratif, avec une fois encore une direction artistique soignée et un dessin s'approchant du design d'un Banner Saga.

"Chouette !", me dis-je avant de découvrir la bande-son. Plus longue, avec différentes ambiances dont certaines ayant un style et un rythme assez "moderne" avec du Clavecin en instrument principal .. Oo (je vous jure que c'est possible, et que si l'on m'avait dit ça avant d'écouter cette B.O, jamais je n'y aurais cru).

Vous l'aurez compris, de manière générale, j'aime beaucoup le travail de Darren Korb, même s'il m'est impossible de le définir clairement... Chacune de ses musiques est à la fois très différente et en même temps, signé d'une patte assez reconnaissable. Un artiste qui parvient à se renouveler sans pour autant perdre son identité. Si je vous parle autant des musiques des différents jeux de SuperGiant Games, c'est parce que j'ai passé de nombreuses heures à les écouter et qu'elles participent réellement aux ambiances des jeux auxquelles elles sont associées, jusqu'à être presque l'élément qui rend ses jeux mémorables... Et j'ai bien dit "presque", ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. D'ailleurs, je viens tout juste de finir Pyre, mais j'ai le CD de la bande-son depuis la sortie du titre. Comme c'est révélateur, tiens...
Pour tout vous avouer, j'ai longtemps été tenté par le titre, mais l'année 2017 ayant été rempli par 2-3 jeux relativement marquants et l'arrivée d'une switch flambant neuve, le titre est assez vite atterri dans la liste de souhait Gog, sans jamais vraiment bouger. Il a d'autant plus cessé de bouger lorsque Bastion et Transistor ont été annoncés sur la console portable de Nintendo. "Qu'à cela ne tienne", me suis-je dis, "Pyre attendra son arrivée sur switch pour être ajouté à ma ludothèque". J'ai même également hésité à racheter les anciens titres du studio avant que mon Banquier ne me signale que l'argent ne poussait pas sous mon matelas... Dommage... Et j'avais d'autres titres à faire, comme Gris, pour ne citer que lui. Mais c'est alors qu'un tweet sauvage apparut, signalant que le studio planchait actuellement sur son prochain titre, Hades, et ne comptait pas retravailler sur Pyre. Son développement ayant nécessité 3 ans de travail pour un faible succès, le studio souhaite définitivement passer à autre chose. Intention louable, compréhensible et pertinente. Néanmoins, je pense que la switch aurait été un support idéal pour ce jeu narratif, mais passons...
L'introduction touche enfin à son terme, nous allons enfin pouvoir passer à l'étude de Pyre, un jeu narratif de boufball avec un chien à moustache qui parle, une grande dame à cornes et.. Un humain à priori tout ce qu'il y a de plus classique. Et si vous ne savez pas ce qu'est le boufball, hé bien Wikipédia est votre ami. Cessons de digresser et voyons ensemble ce que donne le Troisième titre original de SuperGiant Games !

Pyre prend place dans un univers assez atypique, vous vous retrouvez au "purgatoire" pour avoir commis le crime de savoir lire. Là, vous rencontrez une compagnie de trois membres cherchant à pouvoir réintégrer la société dont ils ont été également bénis. Ces trois personnages seront un humain, une guerrière démodée et un marchand d'une race de chien intelligent. Cela peut vous paraître curieux, mais dans la diégèse du jeu, cela n'a rien de choquant s'intègre parfaitement. Nos exilés vont donc s'associer afin de pouvoir mener à bien leur quête. Pour ce faire, il faudra traverser le monde, dans lequel vous rencontrerez de nombreux personnages qui se joindront à vous ou non, tous ayant un leur caractère propre. Durant ce périple, vous devrez exécuter des rites dont vous serez le responsable.

Ces rites seront des rencontres "sportives" avec une équipe de trois personnages de la région dans laquelle vous vous trouvez. Pour faire simple, il voudra mettre un boule dans le puits adverse. Pour cela, utilisez à bon escient les différentes caractéristiques des personnages de votre groupe. Par exemple, Jodarielle sera très lente, mais aura une aura (ce qui sert à bannir les adversaires) et marquera plus de points en cas de "but". Ainsi chaque personnage aura ses avantages et ses faiblesses que vous devrez maitriser et associer afin que votre équipe soit performante pour venir à bout des différents rituels. Mais pas d'inquiétudes, en cas d'échecs, l'histoire continuera et cette défaite n'aura qu'une conséquence mineure au niveau de l'histoire de vos personnages. Car oui, votre équipe va grossir. Chaque zone sera l'occasion de rencontrer une nouvelle race, mais aussi un nouvel équipier de cette même race.
Hormis ces rituels qui pourraient s'apparenter à un jeu de boufball (ou Rugby si vous avez la flemme d'aller chercher sur Wikipédia ce qu'est ce sport) un peu plus riche et diversifié le jeu est exclusivement visuel et narratif.

Ennemis de la lecture et des textes, fuyez ! Pyre n'est peut-être pas un titre pour vous. En effet, il y a de la lecture et de nombreux textes qu'il est nécessaire de lire pour comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire... Mais celle-ci est honnêtement loin d'être désagréable.

Car Pyre fait figure de maître en matière de narration pour diluer l'histoire de ses personnages, son univers, ses règles et en faire un tout homogène et cohérent. L'univers original se découvre petit à petit, bien qu'il ne soit pas simple à appréhender. S'il vous avait été expliqué directement en entier au début, pas sûr que qui que ce soit y aurait pigé grand-chose. C'est donc par sa narration progressive que Pyre brille. Mais pas que ! Car un texte c'est bien, mais afin de donner tout de même une direction à notre imagination sans faire de bloc descriptif, le jeu s'accompagne de différents tableaux nous laissant apercevoir l'environnement dans lequel évoluent nos personnages.

Des tableaux en 2D donc sur laquelle se balade notre caravane afin de traverser les différentes régions. Et là encore, SuperGiant Game ne fait pas dans la dentelle, car ses tableaux sont colorés, avec des courbes agressives et chaque décor et chaque personnage ont leur personnalités graphiques (proche d'un Banner Saga donc, comme je le précisais dans l'introduction...). Comme vous pouvez voir sur les illustrations de l'article, le tout est assez impressionnant et la DA est réussie de bout en bout. Chaque décor à sa personnalité graphique ainsi que chaque personnage. Ce qui rend l'univers, et ce qui le compose, identifiable et donc mémorable. Je ne pense pas avoir besoin de reparler de la bande-son, dont je suis assez fan vous l'aurez compris. Même si par moment je trouve que son intégration est maladroite, mais je pense que ce sentiment est dû au fait d'avoir écouté la bande-son de nombreuses fois sans m'être attardé sur le titre.

Le gameplay peut paraître assez simple, mais il est, en fait, assez perturbant au début. Nous ne contrôlons qu'un personnage à la fois et les autres membres de l'équipe sont alors immobiles et peuvent se faire expulser pendant ce temps là... Ce qui donne un côté un peu rigide lors des premiers rituels. Après quelques matchs, et éventuellement après avoir changé le mapping des touches... Nous prenons assez vite le coup de main et nous nous laissons assez bien prendre au jeu. Au final, celui-ci sait souvent se renouveler via la compétence des différentes races et il cache une pas mal de subtilités et n'est pas si prétexte que ça. Hélas malgré tout ça, le jeu m'a quelque peu lassé. En effet, le jeu semble appliquer un schéma (une zone, un race, une rencontre, un match) qui se répète et seule la narration nous tient réellement pour aller jusqu'au bout de l'aventure. Tout cela m'a quelque peu sorti de l'aventure, au point d'espacer mes sessions de jeux de plus en plus par manque d'envie de relancer le titre. Néanmoins le jeu garde une durée de vie raisonnable qui fait que cette lassitude s'est approchée peu de temps avant d'arriver vers la fin. Une fin qui nous permet tout de même de nous rendre compte que nous nous sommes tout de même attachés à certains des personnages de l'aventure

Au final, Pyre est un titre avec de nombreuses qualités, c'est indéniable. Il est plein d'investissement, d'idées, de savoir-faire, notamment dans sa narration (visuelle comme textuelle), mais il lui manque quelque chose qui le rend vraiment mémorable et donne envie d'y revenir. Je pense malheureusement que je me souviendrais plus des deux titres précédents de Supergiant Games : Bastion et Transistor. Bien que je préfère la bande-son de Pyre, que je trouve plus riche et plus varié. Bien que le jeu sache s'arrêter avant de complètement essouffler son concept, il m'a tout de même un peu lassé avant sa fin, ce qui est vraiment dommage, surtout vu ses qualités.
Cette conclusion peut sembler un peu négative, mais loin de moi l'idée de vous éloigner du titre, au contraire, si vous aimez les aventures textuelles, c'est un très bon titre qui a beaucoup d'idées et de concept à explorer. Dans tous les cas, j'ignore si je vous recommande Pyre, c'est à vous de voir si ce que j'ai pu écrire au-dessus vous intrigue ou pas. Mais je ne peux que vous conseiller d'essayer un titre du Studio. Chacun de leurs jeux reflète un vrai travail de qualité, cohérent et bourré d'investissement.

Le studio à une maîtrise certaine de l'écriture, qu'elle soit linguistique ou musicale, et celle-ci est toujours accompagné d'une direction artistique soignée, certifiant un jeu satisfaisant et atypique qui n'usurpera pas sa place dans la liste de vos jeux à faible budget recommandables. À vous de voir quel univers, quel gameplay, quelle ambiance semble vous attirer dans leur jeu et allez-y. Soutenez SuperGiant Games, c'est un studio qui le mérite et qui fait ses jeux avec cœur... Et vu la direction de l'industrie actuellement, donner un coup de pouce à ces passionnés ne peut que faire du bien. Vous l'aurez compris cette critique à beau traiter principalement de Pyre, elle est surtout là pour vous parler du studio SuperGiant Games et de ses productions afin de vous inciter à jeter un oeil à leurs travaux qui le mérite. Et vu le succès limité de Pyre, je pense qu'un coup de pouce ne leur ferait pas de mal, surtout que leur prochain Hades est en disponible en accès anticipé. Sur ce je vous laisse désormais aller écouter les bandes-son de Darren Korb en boucle, pendant que moi, je vais retourner vaguer à mes occupations, en attendant de trouver un prochain sujet d'article qui j'espère vous satisfera
* Merci, une fois encore, aux mystérieux relecteurs, qui se reconnaîtront, pour leurs regards extérieurs et leurs corrections pertinentes.
Par Atreide

Critique pas tenté à la culture peu développée, ce canard ouvre pourtant souvent son bec pour venir kwaker ce qu’il a sur le kwak. Comme son avatar le laisse supposer, il se plaît souvent à surprendre, contredire les gens, et sa fourberie n’a d’égal que sa capacité à râler. Non content de kwaker ses amis Cayuguien toute la journée, il s’est dit qu’internet se devait de lire ses coups de kwak. De manière générale, cet oiseau becté se plaît à avoir un avis différent de la majorité… Bien qu’il ne soit pas si différent des autres canards qui peuplent cet étang. Mais soyez assuré qu’il essayera toujours de mesurer ses battements d’ailes, bien qu’il ne puisse s'empêcher de les agiter, tant la kwak culture le passionne. Ce qui le conduira inexorablement à digresser sans cesse, quitte à en perdre ses plumes et son auditoire. Mais si, toutefois, vous êtes prêt à rester malgré ses digressions, le canard Muad’vi se fera un plaisir de kwaker avec vous, tant qu’il ne se sentira pas kwaker.


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